Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 avril 2006 1 10 /04 /avril /2006 00:00
 
Afrique équatoriale.
Juin 1871
 
(Sir Stanley et son aide de camp sont attaqués par un immense boa.
Alors qu’ils sont en perdition surgit Boudzan qui, après un terrible combat,
Maîtrise le reptile en fait quelques nœuds et le rejette au loin d’une
Acrobatique reprise de volée.
Il pousse son terrible cri de victoire.)
 
BOUDZAN
 
Ô combien d’actions, combien d’exploits célèbres
Sont demeurées sans gloire au milieu des ténèbres ?
Ah, faudra-t-il toujours qu’en travers de ma route
Se dresse l’ennemi que je mets en déroute ?
Mais tel est le destin funeste de Boudzan,
Veiller sur la jungle, tous ses muscles luisants.
 
STANLEY
 
Vous nous avez sauvé, tel un superbe lion.
 
L’AIDE DE CAMP
 
Sans vous, notre linceul ce jour nous enfilions.
 
STANLEY
 
Comment vous remercier d’avoir pris tant de risques ?
 
L’AIDE DE CAMP
 
Vous avez bien failli vous rompre les ménisques !
En tout cas un peu plus, je faisais dans mon froc.
 
BOUDZAN
 
N’ayez crainte mon corps c’est un pic, c’est un roc.
Mais que venez-vous faire en ce péril extrême ?
Allons, n’hésitez pas, confessez vos problèmes.
Seriez vous en quête d’un quelconque trésor ?
Suivez-vous les traces d’un vieux dinosaure ?
Voulez-vous par ici trouver vos origines ?
Cherchez-vous par hasard un gros singe androgyne ?
 
STANLEY
 
Nous…
 
BOUDZAN
 
…….Non. Ne m’aidez pas. Je veux trouver tout seul.
 
(Stanley et l’aide de camp rient dans son dos.)
 
Ah ! Mais vous vous gaussez ! Sortez votre linceul !
Vous êtes venu là pour rire de Boudzan !
Sachez que pour l’humour, je n’ai aucun talent.
Je suis le roi ici, mon honneur est sacré
Et de ce pas altier je vais vous massacrer !!!
 
STANLEY
 
Que nenni.
 
L’AIDE DE CAMP
 
………….point du tout, nous venons de Boston…
 
STANLEY
 
Chercher sans moquerie….
 
L’AIDE DE CAMP
 
………………………..Le docteur Livingstone !
 
BOUDZAN
 
Voilà donc la raison ! Admirez ma surprise !
Acceptez, je vous prie, d’excuser ma méprise.
En gage de pardon, puis-je vous renseigner ?
 
STANLEY
 
Vous êtes pardonné, sur ces lieux vous régnez.
 
BOUDZAN
 
Mais avant, s’il vous plaît, narrez-moi vos exploits.
 
STANLEY
 
Eh bien soit, en deux mots ; le journal qui m’emploie
M’a donné pour mission de trouver sans tarder
David Livingstone dont la folle embardée
Nous laissait sans nouvelle. Arrivée en Afrique
Grâce à de gros moyens…
 
L’AIDE DE CAMP
 
…………………………..C’est un journal à fric.
 
STANLEY
 
Nous partîmes cinq cent du port de Zanzibar…
 
L’AIDE DE CAMP
 
Nos porteurs étaient tous de sacrés malabars !
 
STANLEY
 
Mais les jours qui passaient voyaient fondre nos rangs
Comme neige au soleil, tous nos hommes mourrants
Un à un sous nos yeux, du typhus, de la peste…
 
L’AIDE DE CAMP
 
Crocodiles et vautours dévorant tout le reste !
 
STANLEY
 
Et ce sort opposé s’acharna contre nous,
Nous mettant en un mois tous les deux à genoux.
Vous devez vous douter qu’en ces lieux hostiles
Chaque jour notre vie ne tenait qu’à un fil.
Je dirais sans orgueil en avoir bien bavé.
En ce temps d’aventure on n’a pu se laver…
 
L’AIDE DE CAMP
 
Sur nos corps les morpions et les poux galopaient…
 
STANLEY
 
Ce qui fait que l’odeur qui nous enveloppait…
Aurait pu réveiller tous les morts de la terre.
 
L’AIDE DE CAMP
 
On croyait qu’on sortait à l’instant des waters !
 
STANLEY
 
Très souvent de tout près on a vu le danger.
Une fois c’est un lion qui voulu nous manger,
L’animal affamé aurait fait un carnage
Si nous étions passé quelque part au lavage !
 
L’AIDE DE CAMP
 
C’est exact. J’ai senti souffle sur ma nuque,
A cet instant précis j’étais tel un eunuque.
Mais le voilà t-y pas qu’avant de nous croquer
Il nous sent, c’est alors qu’il fut pris de hoquets
Et qu’avec grand dégoût, écoeuré, il se sauve.
Je n’avais jamais vu d’aussi près un grand fauve !
 
STANLEY
 
Un jour un gorille nous surpris par derrière,
Cette bête poilue aux étranges manières,
Que l’on eut préféré voir derrière une grille,
Prit mon aide de camp pour... disons…une fille !
J’aime mieux par pudeur vous passer les détails,
Mais j’en frémi d’horreur quand je pense à sa taille !
 
L’AIDE DE CAMP
 
Ce qu’a dit Sir Stanley est bien vrai, je confirme.
Cet horrible animal m’a rendu presqu’infirme.
Dans ce monde inconnu les dangers sont de taille !
 
STANLEY
 
Après mille combats, après mille batailles
Avec sur nous la mort dont nous étions la cible,
Nous repoussions toujours nos limites possibles
Echappant chaque fois à la jungle terrible,
Evitant par cent fois une fin trop horrible,
Comme là, tout à l’heure, en ces affreux instants
Où vous êtes Boudzan, arrivé juste à temps.
 
BOUDZAN
 
Autant d’aventures traversées sans dommages
Méritent sans détour de Boudzan les hommages.
 
STANLEY
 
Nous vous en remercions, mais c’est trop de louanges
Faites pas un seigneur aux pouvoirs si étranges.
Etre trop curieux est un vilain défaut,
Mais sans être indiscret, ni choquant loin sans faut,
Nous nous interrogeons sur la présence ici
D’un être si brillant…
 
L’AIDE DE CAMP
 
………………….si beau…
 
STANLEY
 
…………………………….......si fort…si…si…
 
BOUDZAN
 
Je vous en prie, assez !
 
L’AIDE DE CAMP
 
………………………...............Nous le pensons vraiment.
 
BOUDZAN
 
Votre émerveillement n’est pas sans fondement,
Pourtant, je vous l’avoue, il me va droit au cœur.
Ma vie est un combat dont je sors le vainqueur
Toujours. Mais permettez, messieurs les journalistes
De taire mon passé. Laissez là cette piste.
Coupons court et venons au souci qui vous prend,
J’ai promis mon aide, je vous vois qui attend.
Souffrez que j’appelle ma fidèle compagne,
Amie des premiers jours qui partout m’accompagne.
Du haut d’un bananier, sous les cieux bien lovée,
Elle a vu l’autre jour votre ami se sauver.
 
STANLEY
 
Notre ami se sauver !
 
L’AIDE DE CAMP
 
……………………..Mon Dieu !
 
BOUDZAN
 
………………………………….Mais la voici !
Ah, je ne pensais pas qu’elle fut près d’ici.
 
STANLEY
 
Se sauver ! Espérons qu’elle puisse dire où.
 
(Une guenon entre)
 
LA GUENON
 
Ouh! Ouh! Ouh! Ouh! Ouh! Ouh! Ouh! Ouh! Ouh! Ouh! Ouh! Ouh!
 
BOUDZAN
 
Ô grands Dieux ! Qu’entends-je ! Je n’en crois mes oreilles !
C’est avec un courage à nul autre pareil
Que cet homme à vécu dix mille et un dangers.
 
L’AIDE DE CAMP
 
Tous ces risques encourus n’ont pas du l’arranger.
 
BOUDZAN
 
Ma compagne l’a vu qui courrait poursuivi
Par un monstre poilu qui voulait à sa vie.
 
L’AIDE DE CAMP
 
Par un monstre poilu ! Ce n’est pas qu’a sa vie
Que la bête en voulait ! Ce n’est que mon avis.
Je souhaite pour lui qu’il ait pris les devants.
 
BOUDZAN
 
Enfin rassurez-vous, votre ami est vivant !
 
STANLEY
 
Où est-il maintenant ?
 
BOUDZAN
 
………………………Le progrès est sans frein,
Aujourd’hui en ces lieux on peut prendre le train.
Il a pris l’omnibus qui passe près d’ici.
 
STANLEY
 
Excellente nouvelle, on va le prendre aussi.
 
BOUDZAN
 
Près du Lac Victoria, à un singe tout pareil
Trouverez votre ami dans un simple appareil.
 
L’AIDE DE CAMP
 
Victoria ! C’est bandar ! C’est là que nous allons !
STANLEY
 
Il faut bien avouer, ce voyage est bien long.
 
L’AIDE DE CAMP
 
Il faut le retrouver ! Sacré chemin de fer !
 
STANLEY
 
Où est donc la gare que l’on clôt cette affaire ?
 
L’AIDE DE CAMP
 
Cette juste question mérite réflexion !
 
STANLEY
 
Ne perdons pas de temps, passons donc à l’action !
 
L’AIDE DE CAMP
 
Je ne vois aucun rail. Qui connaît le chemin ?
 
BOUDZAN
 
Ne vous tracassez point, Boudzan le connaît bien.
 
(La guenon le tire par le pagne.)
 
L’affaire est d’importance et bien considéré
Mérite en plein conseil d’être délibéré.
 
(Conciliabule avec le singe.)
 
Nous avons décidé, il est temps d’expliquer.
Il faut bien écouter, ce n’est pas compliqué.
Au pays des P’tgmées vous trouverez la gare,
C’est un peuple qui vit à l’abri des regards.
Faites bien attention à ne pas déranger,
Sinon ils pourraient bien sur vous deux se venger.
Mais je dois vous quitter, les adieux sont cruels,
Ne me retenez pas car le devoir m’appelle.
 
(La guenon le tire par le pagne. Ils sortent.)
 
L’AIDE DE CAMP
 
Enfin il est parti. Il était casse-pieds,
Quel travail pour trouver et la rime et les pieds !
STANLEY
 
Mais il faut avouer ce langage à son charme
Et fait parfois venir en mon œil une larme.
 
L’AIDE DE CAMP
 
On peut même ajouter, et sans vouloir frimer,
Que sans être entraîné, on a fort bien rimé.
 
STANLEY
 
Tous deux vers la gare, marchons d’un pas serein.
 
L’AIDE DE CAMP
 
Il faut être discret, préparons le terrain.
 
STANLEY
 
Tout va bien, on est prêt. Allons voir ces P’tygmées.
 
L’AIDE DE CAMP
 
Des meilleures intentions il faut être animées.
 
STANLEY
 
Méfions-nous. Respectons leurs coutumes tribales.
 
L’AIDE DE CAMP
 
Ah !
 
STANLEY
 
…..Quoi ?
 
L’AIDE DE CAMP
 
………..Et si c’était d’horribles cannibales !
S’ils étaient menaçants, cruels et redoutables !
Je ne veux pas finir en civet sur leur tables !
 
STANLEY
 
Ce n’est pas le moment de faiblir, d’avoir peur.
Va devant. Montre moi de quel fer est ton cœur.
 
L’AIDE DE CAMP
Pourquoi moi et pas vous ? Mon courage à l’épreuve
A déjà mille fois par ailleurs fait ses preuves.
 
STANLEY
 
Marchons d’un même pas. Sans trembler des genoux.
Buste droit, front altier, sans frémir forgeons-nous
Un moral de vainqueur. N’allons plus en perdant !
 
L’AIDE DE CAMP
 
Et cessons de rimer ça devient em…nuyeux !
Oui la rime est pauvre, mais je n’ai trouvé mieux !
 
Partager cet article
Repost0

commentaires