3 janvier 2007
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08:55
LE GRATIN DE ZANZIBAR
(Erreur de jeunesse)
Le présentateur
Pour vous…
La présentatrice
Ce soir…
Le présentateur
Cuisine…
La présentatrice
Sans…
Ensembles
Frontière !
(Sourires béats)
Le présentateur
Qu’avez-vous déniché cette semaine pour nos amis téléspectateurs, Josiane ?
La présentatrice
Une petite surprise…
Le présentateur
Dites-nous vite !
(Elle lui chuchote quelque chose à l’oreille)
Non ? ? ! ! ! ! !
La présentatrice
Si.
Et on l’applaudit bien fort….
Ensembles
…Monsieur Kitambala ! ! !
(Ils s’écartent découvrant un magnifique noir avec un slip en peau de panthère,
une jupe en paille et divers grigris autour du cou.
Le public applaudit.)
La présentatrice
Qui nous vient tout droit de Tanzanie !
Kitambala
Tout droit, tout droit, j’ai fait quand même quelques petits crochets
De droite et de gauche comme Ronaldinho.
Bonjour ! C’est un très grand honneur pour moi
Que d’être invité à cette grande émission culinaire,
c’est l’occasion pour moi et mon peuple
de montrer à l’occident ce que nous avons dans le ventre ! Ah ! Ah ! Ah !
La présentatrice
Et quelle est la recette typique…
Kitambala
Ti pique ! Ti pique !….
(Il lui pique les fesses)
Ah ! Ah ! Ah !…
Le présentateur
Oui. Quelle est la recette que vous allez nous proposer ?
Kitambala
C’est le Gratin de Zanzibar !
Les présentateurs
Mmmmmmmhhhhhh ! ! ! ! !
Kitambala
Pour ce faire, vous aurez besoin de tout ce que je vais dire présentement…
La présentatrice
Oui, oui, juste deux petites secondes afin que nos amis puisse vite, vite,
Se munir d’un stylo et d’une feuille de papier pour bien noter la recette.
(Temps. Les présentateurs restent les bras croisé, sourires béats, silence.)
Kitambala
Alors ça y est, ils sont prêts ?
Le présentateur
Oui, oui, allez-y !
Kitambala
Bon. Commençons. Ne perdons pas de temps en futilités.
Il vous faut :
- Un chaudron.
- De l’eau. Suffisamment pour emplir le chaudron.
- une pincée de sel
( Il pince les fesses de la présentatrice)
Ah ! Ah ! Ah !
Et ce qu’il me faut surtout, sans ce quoi on ne pourrait pas réaliser cette recette…
C’est EUX !
(Il désigne du doigt le public)
Les présentateurs
(Affolés)
EUX ? ? ? ? ! ! ! ! ! !
Kitambala
Mais non, SEPT ŒUFS ! Ah ! Ah ! Ah !
Le présentateur
(Soulagé)
Ah. ! Et de quoi avez-vous encore besoin ?
Kitambala
- Une aubergine dans la fleur de l’âge
- Des clous de girofle, pour maintenir les ingrédients bien en place,
- Un nuage de lait…
La présentatrice
Pouvez-vous préciser la quantité exacte de lait ?
Kitambala
Bien sûr. Disons un petit sirus pour deux ou trois individus,
Si vous êtes davantage vous pouvez mettre carrément un cumulo-nimbus.
Le présentateur
Merci de ces présisions.
Kitambala
Pour en finie une bonne fois pour toute avec les ingrédients,
Il faut vous procurer mesdames les ménagères 250 grammes de pâtes.
Les présentateurs
Des pâtes ?
Kitambala
Des pâtes, oui, mais de Tanzanie !…
Que nous allons faire couire dans le chaudron prévu à cet effet.
Maintenant avant de continuer plus avant, je vais vous faire une farce…
La présentatrice
(Eloignant ses fesses)
Ah ! Ah ! Que va-t-il encore nous faire comme farce ?
Le présentateur
Quel gai luron ce Monsieur Kitambala !
Kitambala
(En colère)
Je ne vois pas en quoi une farce peut -être drôle !
Hachez la viande menue menue, ajoutez du thym, du laurier,
Des piments et un petit peu d’ail.
(Professoral)
L’odeur forte et persistante que l’ail peut procurer à haleine vient de ses corps volatiles :
Oxyde de sulfure d’allyle, principaux composant de son huile essentielle,
dont l’excès est éliminé par les voies respiratoires,
d’où son pouvoir assainissant pulmonaire
auquel s’ajoute les biens faits de ses principes antibiotiques.
Pour ceux que gêneraient cette odeur, quelques grains de café
lentement mastiqués la font disparaître.
Le présentateur
Nous vous remercions pour ces précieux conseils…
La présentatrice
Qui, je n’en doute pas, seront très appréciés de tous nos amis.
Kitambala
Entrons maintenant dans le vif du sujet.
(La présentatrice s’écarte)
Pour commencer, farcissons nous vite fait bien fait l’aubergine.
Nous ne serons pas trop de deux, venez m’aider monsieur le présentateur.
Ceci fait, mettons là au four. Thermostat 7 pendant vingt minutes.
Passons à présent à un moment qui me grise tout particulièrement
Et qui donne lieux, dans les villages à de nombreuses cérémonies de réjouissances.
Je vais battre les blancs…
(Les présentateurs s’éloignent)
…en neige ! ! !
Venez, approchez, je ne vais pas vous manger, Ah ! Ah ! Ah !
Pour ce faire je vais utiliser les sept œufs.
Le présentateur
Vous nous avez mis l’eau à la bouche !
Kitambala
Cela doit être qu’un petit peu de salive car ce n’est pas fini.
La présentatrice
J’ai vraiment hâte de connaître la suit de la recette de monsieur Kitambala !
Kitambala
Il nous faut pour compléter la recette quelques fruits de la jungle.
D’ailleurs à ce propos, je tiens à vous narrez l’histoire d’un de mes ancêtres.
Cette histoire, je la tiens de mon père, qui la tenait de son père,
Qui la tenait lui-même de son père, ce qui comme vous pouvez le constater
Nous fait remonter très haut dans l’arbre gynécologique de ma famille
Duquel je suis tombé, Ah ! Ah ! Ah !
Donc, mon tri-aïeul accompagné des meilleurs guerriers de sa tribu
S’en allaient dans la jungle inhospitalière. Au péril de leur vie, ils traquaient
Les mûres sauvages, qui sont les fruits les plus dangereux de la jungle équatoriale.
En effet, elles ne se laissaient pas cueillir sans se défendre et possédaient
Des armes redoutables :
- Jet de cyamure qu’elles envoyaient aux yeux de l’assaillant pour l’aveugler.
- Pédoncules ductiles qui par un mouvement de reptation encerclaient
Le valeureux guerrier qui pouvait ainsi se retrouver coincé entre quatre mûres !
Le malheureux était alors déchiqueté par les épines acérées qui armaient leurs tiges.
Devant tant de dangers, les plus peureux s’éclipsaient en rampant, car comme le dit
Un proverbe de mon pays : « C’est au pied de la mûre que l’on voit le limaçon. »
Ainsi, lorsqu’après plusieurs lunes de marches, ils repéraient un buisson de mûres sauvages,
tapies dans l’ombre majestueuse d’un baobab, ils faisaient silence pour ne pas trahir
leur présence, car comme chacun le sait, les mûres ont des oreilles.
Et c’est bien là leur point faible ! et mon tri-aïeul le savait.
Lui seul connaissait le chant sacré qui avait la vertu d’endormir ces fruits féroces.
(Il chante et danse en allant crescendo.)
A.E.I.O.U …A.E.I.O.U… A.E.I.O.U… A.E.I.O.U… A.E.I.O.U… A.E.I.O.U…
(Silence. Il mime son tri-aïeul cueillant les mûres devenues inoffensives.
Puis il rejoint ses guerriers et levant les fruits au-dessus de sa tête il crie :)
AU GRATIN DE ZANZIBAR !!!!!!!!!
Alors ses homme le portait en triomphe jusqu’au village où les femmes
Pouvait ainsi cuisiner notre fameux plat national.
Le présentateur
Quelle aventure !
La présentatrice
Ne vous inquiétez pas, la recette se cuisine aussi bien avec des mûres surgelées.
Kitambala
Bon. Les pâtes doivent être couites. Egouttons-les et posons-les au fond de notre plat.
Disposons gracieusement l’aubergine sur ce lit de nouille. N’oublions pas la pincée de sel,
le cumulo-nimbus de lait, puis décorons le tout avec les mûres sauvages. D’ailleurs à ce propos…
Le présentateur
Oui. Oui. Poursuivez je vous prie.
Kitambala
Remontons tout cela au four pendant quinze minutes, thermostat 3.
La présentatrice
Une petite question. Comment faîtes-vous chez vous, vous ne disposez
tout de même pas de four électrique ?
Kitambala
Mais bien sûr que si. Mâadame vous oubliez que nous sommes une ancienne colonie Britannique !
Nous ne sommes pas des sauvages tout de même !
Mais une vieille coutume demeure et c’est pourquoi, pour la bonne réussite de ce plat,
Et pour chasser les démons maléfiques qui résident dans les fours électriques, il faut danser
La danse des 220 volts qui nous vient de nos frères de Haute-Voltage !
(Il danse mais s’arrête brusquement.)
Vous voulez que le plat ne soit pas réussi ou quoi ?
Il faut vous aussi danser.
( Il fait tendre les bras aux présentateurs, puis avec leurs doigts leur fait faire deux ronds,
ce sera les prises femelles. Lui, avec l’index et le majeur fera la prise mâle.
Tout en embrassant souvent le grigri qu’il a autour du cou et en dansant, il met ses doigts
Une fois dans la prise faites par la présentatrice, une fois dans celle faite par le présentateur.
A chaque tentative son corps sera parcouru d’électricité (saute de lumière).
Quand il mettra en même temps les doigts de la main droite et celle de la main gauche
Dans les prises des présentateurs, son corps ondulera frénétiquement et dans un grand « bang » les plombs sauteront. Noir.
Très vite la lumière revient. Kitambala semble bien secoué.)
Ça y est, le four est exorcisé !
Une petite parenthèse informatique, vous pourrez vous procurer très facilement ce grigri
Chez mon frère Kivala, au Trocadéro, troisième étalage en partant de la gauche.
Le présentateur
Oui, je crois qu’il est temps de sortir le plat du four.
Kitambala
Oui.
(Il sort le plat du four et le présente au public)
Les présentateurs
MMMmmmmmmmmhhhhhh !!!!
La présentatrice
Et qu’est-ce qu’on dit maintenant ?
Tous ensembles
Bon appétit !!!!
Et à la semaine prochaine !....
Fin.