Il était une fois, il y a bien longtemps, un petite fille rousse comme un incendie, si rousse qu’on eut dit qu’elle portait en permanence un chapeau rouge.
On l’appelait le Petit Chapeau Rouge.
Un jour, sa mère, ayant cuit et fait trop de galettes, lui dit : Va porter ses galettes et ce petit pot de beurre à ta mère-grand qui ne peux plus sortir vu son grand âge.
Le Petit Chapeau Rouge soupira.
Mais maman, ne peux-tu y aller toi-même ou envoyer mon frère.
Ne discute pas et vas-y de ce pas, ordonna sa mère.
En fait, le petit Chapeau Rouge avait rendez-vous avec le Petit Poucet dans la forêt.
Le Petit Chapeau rouge partit aussitôt à contre cœur pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre Village.
En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup, qui assit sur un tronc d’arbre lisait un livre. Elle s’arrêta, une idée derrière la tête et lui demanda ce qu’il lisait.
Le pauvre loup, qui ne savait pas qu’il est dangereux de s’arrêter de lire pour écouter les jeunes filles lui dit : un livre de philosophie.
Et toi où vas-tu ? demanda le loup plus par politesse qu’autre chose.
Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette, avec ce petit pot de beurre, que ma mère lui envoie.
Cela à l’air bien bon renifla le loup qui avait le ventre bien vide.
En effet, répondit le petit Chapeau Rouge, et sans vouloir vous interrompre dans votre philosophie, je vous en proposerais bien une en échange d’un petit service.
Dis voir lui dit le loup en refermant son livre.
Pourriez-vous aller porter pour moi ces galettes et ce petit pot de beurre à ma mère-grand ?
Demeure-t-elle bien loin ? demanda le Loup.
Oh ! non, dit le Petit Chapeau rouge, c’est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, à la première maison du Village.
Marché conclut fit le Loup.
On se retrouve ici dans deux heures proposa le petit chapeau rouge en filant à son rendez-vous.
Le loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la Mère-grand ; il heurte : Toc, toc.
Qui est là ?
C’est votre petite fille le Petit Chapeau rouge qui m’envoie dit le Loup, je vous apporte une galette et un petit pot de beurre que votre fille vous a fait.
La bonne mère-grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait bien vieille et un peu sourde, lui cria : Tire la chevillette, la bobinette cherra.
Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit.
Approche, mon enfant fit la vieille.
Je ne suis pas votre enfant fit le loup, mais la vieille qui n’y voyait plus très clair lui dit : viens t’asseoir près de moi, il y a bien longtemps que tu n’es venu me voir ma fillette.
Le loup, ne voulant pas contrarier une pauvre vieille si contente de voir sa petite fille, n’eut pas le cœur à la contredire et vint s’asseoir sur le rebord du lit.
Laisse-moi te regarder mon enfant, comme tu as changé, Mon Dieu comme tu as de grands bras ? C’est pour mieux t’enlacer mère-grand fit le loup en changeant sa voix pour ne pas la décevoir.
Que tu as de grandes jambes mon enfant ? C’est pour mieux courir mère-grand.
Que tu as de grandes oreilles Mon enfant ? C’est pour mieux t’écouter mère-grand.
Que tu as de grands yeux ? C’est pour mieux te voir mère-grand.
Que tu as de grandes dents mon enfant, fais moi voir ça, ouvre grand la bouche, c’est incroyable !
A cet instant, un chasseur qui passait par là ouvrit la porte et surprit le loup et la gueule grande ouverte devant la vieille.
Il arma son fusil et tira.
Il tua net le loup.
MORALITÉ
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Qui Font très mal à toute sorte de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le Loup écoute ces anges.
Je dis jeune fille, car toutes les jeunes femmes
Ne sont pas de la même sorte ;
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel aux cheveux de flammes,
Qui complaisantes aimables et douces
Peuvent vous demander un service en douce
Jusque dans les bois, où vous lisez un livre de philosophie
En ayant une petite faim qui vous fait des gargouillis ;
Mais hélas ! qui ne sait que ces jeunes filles doucereuses,
De toutes les jeunes filles doucereuses sont les plus dangereuses.