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21 août 2007 2 21 /08 /août /2007 00:00
 
Voilà donc notre homme ;
Amoureux, comme il se doit.
La belle, comme souvent les belles,
Est dans les bras d’un autre à l’heure qu’il est,
Un autre que lui, comme il se doit.
Il lui a fait sa déclaration à genoux, le matin même,
Une déclaration enflammée,
Qui a embrasée le petit bouquet de pensées amoureuses qu’il tenait dans la main droite.
La belle lui a ri au nez, comme il se doit.
 
Voilà donc notre homme ;
Désespéré, comme il se doit.
Il est, à l’heure qu’il est, devant la boutique du marchand de cordes de la rue de l’Olivier.
Comme il se doit, il entre.
La clochette au dessus de la porte fait « greling greling », ou quelque chose d’approchant.
Le marchand de cordes de la rue de l’Olivier sort de sa torpeur.
La boutique sent la corde, comme il se doit.
 
Voilà donc notre homme ;
Dubitatif, comme il se doit,
Devant un si grand choix de cordes.
Puis, il choisit la moins chère,
Celle qui semble si fragile qu’on ose à peine la regarder de peur qu’elle ne se casse.
« C’est pour offrir, je vous l’emballe ? »
« Non, c’est pour utiliser tout de suite. »
« Bien. »
Le marchand de cordes de la rue de l’Olivier n’est pas un homme très bavard, comme il se doit quand on est un marchand de cordes.
 
Voilà donc notre homme qui paye et qui sort.
La clochette au dessus de la porte fait « dring dring », oui, elle fait dring dring,
Mais cela n’a pas vraiment d’importance,
Car à l’heure qu’il est, la belle est dans les bras d’un autre,
Pas l’autre de tout à l’heure,
Non, un autre,
Pas vraiment dans ses bras au vu de sa position,
Mais nous allons en rester là, et je vais détourner le regard,
Bien que cela soit très intéressant, comme ils se doigtent.
 
Voilà donc notre homme dehors, sous la pluie.
Il tombe des cordes,
La pluie masque ses larmes, comme il se doit.
 
Et le voilà donc enfin notre homme,
Sur la colline qui surplombe la cité,
Il accroche la corde à la première branche venue du premier arbre venu,
Qui se trouve être la plus frêle première branche venue de toutes les premières branches venues,
Et c’est miracle qu’elle ne soit pas brisée sous le poids de la corde.
Il se passe la corde autour du cou et se jette du haut du tabouret
Qui se trouvait là tout à fait par hasard pour les besoins de cette fable,
Comme il se doit.
 
Il advint ce qu’il doit advenir dans pareil cas,
La branche tint bon,
Et la corde aussi, comme il se doit.
 
 
Moralité :
 
N’allez point dépenser tout votre argent dans une corde alors que le premier prix fait très bien l’affaire.
Pareil pour l’arbre, ne gaspillez pas votre temps à le choisir minutieusement,
Le premier venu est souvent le bon. Idem pour la branche, vous l’aurez compris.
 
Par contre, évitez de tomber amoureux d'une belle salope qui vous rit au nez.
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commentaires

V
j'aime bien celui là
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M
J'ai beaucoup apprécié, notamment le tabouret qui se trouvait là pour les besoins de la fable, comme il se doit.Et cette imagination ceraine du personnage qui "la" voit dans les bras d'un homme, enfin pas tout à fait dans ses bras, et le jeu de mots "comme il se doigtent".Bref, lecture plaisante.
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