I
« Putain de putain, je vais rater mon train. »
Il était huit heures, le train de Toto partait à huit heures trente.
Oui, Toto s’était approprié ce train à partir de l’instant où il avait acheté son billet,
C’était devenu son train, le train de Toto.
« Putain de putain, mon train. »
II
Problème :
La gare était à une demi heure à pied de chez Toto.
Toto n’avait pas de voiture.
Toto pouvait s’habiller en cinq minutes.
Toto pouvait très bien ne pas se laver.
Toto avait son billet plié dans la poche de sa veste en jeans.
Calculez à quelle vitesse Toto allait devoir courir pour ne pas rater son train.
« Putain de putain. »
III
Alors qu’il refermait la porte de son appartement, Toto avait la désagréable impression qu’il oubliait quelque chose.
Mais quoi ?
IV
Dans le compartiment bar, alors qu’il petit déjeunait d’un croissant tout mou trempé dans un café tout noir, la désagréable impression qu’il avait oublié quelque chose lui gâchait tout plaisir gustatif pourtant déjà bien aléatoire.
Ah, que c’est énervant cette sensation d’avoir oublié quelque chose et de ne pas savoir quoi.
Ça allait gâcher sa semaine de vacances à la neige.
« Putain de putain. »
V
Toto se dit qu’il faudrait qu’il arrête de dire à tout bout de champ putain de putain.
Les tics verbaux c’est chiant putain.
VI
Il n’y a rien de particulier à raconter sur la semaine de ski de Toto,
VII
Ah si, il n’est même pas tombé contrairement à cette bonne neige poudreuse qui le troisième jour est venue recouvrir cette bonne vieille neige verglacée des premiers jours.
VIII
On peut dire aussi que son hôtel était correct mais sans plus si ce n’était les petits déjeuners qui n’étaient pas compris dans le prix, mais ça n’a pas trop d’intérêt.
IX
Et que cette putain de sensation d’avoir oublié quelque chose lui revenait à tout bout de champ de neige.
X
Bon, la veille de son départ, il y eut bien cette petite blague :
Alors qu’il remontait à l’aide d’un tire fesse la fameuse piste des Dames,
Toto vit un skieur inconscient franchir les barrières de sécurité et ,faisant fi des panneaux de dangers ainsi que de ses appels désespérés de mises en garde, aller faire du ski hors pistes un doigt haut levé à son attention tel un malade irresponsable.
Ah ça putain de putain, il faut un minimum respecter les règles de sécurité pour le bien de tous.
XII
Arrivé au sommet Toto franchit à son tour les barrières de sécurité,
Et, n’écoutant que son courage, il entreprit de sauter les deux skis joint tout le long de la ligne de crête.
Ce qui devait arriver arriva, une large plaque de neige se détacha juste sous ses skis.
Il fut grandement chanceux de ne pas partir avec.
Cette chance justement lui permis de regagner agréablement la station par la piste bleue numéro cinq qui fait le grand tour par la forêt de mélèzes baptisées à juste titre la forêt des Mélèzes.
XIII
En bas, il y avait une grande agitation, des gendarmes, des chiens et même un hélicoptère.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Toto au type du tire fesse.
- Un abruti qui faisait du hors piste a déclenché une avalanche sur le versant du Mouillaud.
- Putain, y a vraiment des malades, conclut Toto.
Quand Toto remonta dans son train du retour, on n’avait toujours pas retrouvé le type.
XIV
Ce n’est que lorsqu’il ouvrit la porte de chez lui que Toto sut ce qu’il avait oublié.
A cause des mouches et de l’odeur.
Il alla directement dans la salle de bain ; dans le lavabo une lame du rasoir noircit de sang séché ; dans la baignoire, l’attendant bien sagement, une prostitué plus très fraîche riait à gorge déployée.
« Putain de putain ».